Saison 4 - Episode 1 : Le Drake du capitaine
Quatre ans, quatre années que Bernard prépare ce rêve, cet objectif Grand Sud, …en ce début de janvier 2018, il est temps d’aller voir pour de bon ce que tous ses copains navigateurs du SUD lui racontent depuis ces années.
Après une semaine de préparatifs entre USHUAIA et Puerto Williams, pleine de péripéties « classiques « (la dernière étant le transport de 9 tôles d’aluminium de 6m sur 80 cm pour l’amigo Gaspard..,) c’est la descente et traversée de la baie NASSAU. Un dernier mouillage venté à Caleta Martial, dans les iles Wollaston, pour, suivant les conseils de Jean du Boulard , préparer une grosse gamelle de soupe, et le départ est donné le vendredi 12 Janvier à 10H00. Les dauphins nous accompagnent c’est bon signe. 3 ris dans la grand-voile et un peu de génois, ça souffle pour aller saluer le Horn. Deux écoles à bord : les prévoyants prennent du Stugeron (médicament contre le mal de mer), d’autres font confiance à leurs années de navigation. Après avoir laissé le Horn à tribord, cela bouge un peu et les albatros sont au rendez vous.
On engloutit le taboulé du cook pour prendre des forces. Il y en besoin car les mouvements du bateau rendent la vie du bord tout de suite un peu plus compliquée mais comme la coque tout roule , la météo est au top, travers et plus entre 20 et 30 Nœuds de vent, ca pulse et les prévisions à trois jours sont bonnes . Seul bémol, dame Wallas (la gasolinière) ne semble pas aimer la baisse de température et se met à fumer au point d’intoxiquer notre capitaine qui rendra même son déjeuner comme d’autres et finira par prendre un stugeron …une première.
A la fin du deuxième jour tout ira mieux (sauf Dame Wallas), la soupe concoctée pourra être
réchauffée doucement sur le poële , un vrai luxe (pas facile à servir quand même), servie avec un pain au lard et fromage de notre artiste booulangère, c’est sous notre première averse de neige que Jeanne et le Cook renverront de la toile pour avancer à une belle moyenne. La nuit de quart se passe tranquille à l’intérieur, avec un pilote qui barre bien et une cardinale qui fend la lame avec ardeur.
Le lendemain après une belle journée de glisse sur les vagues, et de températures de plus en plus fraiches, nous apercevons notre premier iceberg , un gros tabulaire d’au moins 5 à 600m de long sur 40 à 50m de haut (pas facile à estimer). On ne l’a pas vu sur le radar et cela générera une nuit de veille beaucoup plus attentive où nous croisons d’autres iceberg et un cruise ship vers 2H du matin. Les première iles apparaissent vers 7H , il y a peu de mots pour décrire la beauté sauvage de ces cailloux glacés. Tout le monde intériorise l’instant et en croisant son regard ému, je vois des cristaux de bonheur se former au fond des yeux bleu-vert de notre capitaine. Le passage Nelson nous pousse à 10 nds avec trois nœuds de courant pour nous, ça y est, le Drake est derrière nous, merci Benny, merci Neptune et Eole…
Il a eu la bonté de rester clément avec les marins nantais pour saluer
leur première arrivée dans le grand continent blanc.