Bora Bora. Il suffit de l’écrire pour y être transporté… L’escale idyllique … La perle du Pacifique…

Devant l’île de Tahiti et, un peu plus émue que je ne saurais le montrer, je viens vous retrouver pour un dernier récit.

Le gris est de retour, cela faisait longtemps, il nous gratifie de toutes ses teintes et de toutes les formes de nuages mélangés.

L’océan gronde. Les vagues fracassent sa côte à grands coups de dents et la falaise blessée tombe.

Cela remue dur dans la nuit, le vent est monté et avec la houle, le mouillage grince de manière désagréable.

Et là… des surfeurs ? Non pas là, ça fracasse trop ! Mais oui, ce sont bien des surfeurs fous qui se jouent des risques ou plutôt qui les recherchent pour leur immense plaisir de la glisse

Un nouveau mail de notre contact sur l’Ile de Pâques relevé à l’heure du repas est décevant, il précise que nous ne pourrons pas descendre à terre ni avoir de contact.

Le ciel est d’un noir profond, traversée par la voie lactée et saturé d’étoiles même au plus bas sur l’horizon.

Ce matin du 5 mai, L’île Juan Fernandez, environ 900m de hauteur nous est apparue tout d’un coup, derrière les nuages que le soleil a balayés d’une caresse. « Terre ! » a crié le Capitaine.

La grande houle du Pacifique nous balade. La mer est hachée. Nous sommes au près. Tout est gris. Tout est dit. La première nuit sera fatigante…

Le grand départ est prévu pour ce samedi 25 avril 2020. Il y a 3600 Milles nautiques…

Vent du Nord, 35-40 nœuds pour monter vers le nord, rafales à l’arrivée à Reloncavi,et le bateau n’est pas autorisé à venir au ponton.

 De puissantes rachas dévalent la montagne, s’enflent dans le creux où se niche San Juan Baptista et viennent ronfler dans le gréement.

Le vent monte maintenant, 20 Nœuds réels : nous sommes dans le pacifique !

Après deux mois de gros travaux de rénovation de la Cardinale, nous sommes en navigation  dans les canaux depuis deux jours afin de nous mettre en quarantaine sans être bloqués au port.

Dès que le vent soufflera, on repartira…

Ce confinement-là, le nôtre, a gardé de la souplesse : aller à la pêche, prendre l’annexe ou le kayak pour faire un tour…

En général, les conditions de traversée de ce genre de forêt primaire sont tellement hostiles qu’on en perd tout de suite et le ciel et le nord.

Ces moments-là nous font prendre conscience de l’aspect particulièrement privilégié de notre vie de Robinson et nous pensons aux citadins

La Cardinale a ouvert les hublots en grand pour laisser entrer le soleil !