Saison 4 - Episode 10 : ICEBERGS and CO
Depuis VERNADSKY, notre point le plus SUD nous remontons tranquillement. Nous avons tous envie de retourner à PLEINEAU qui nous a tant séduit. Après une sortie tranquille du dédale de Vernadsky, nous remontons au milieu d’icebergs torturés jusque l’ile Hovgaard, calotte banche scintillante au soleil et retrouvons notre mouillage avec bonheur. Il n’y a pas d’autre bateau, le vent se calme en fin de journée et nous avons droit à un coucher de soleil illuminé sur les faces verticales de Booth Island.
Le lendemain il fait très beau, Alain et Francis s’offre une ballade en annexe avec les deux moteurs (le 6CV et l’électrique) au milieu du champ d’icebergs qui est venu depuis la baie de la Salpêtrière s’échouer sur les hauts fonds aux abord de l’ïle Pleineau. Nous sommes dans les glaces depuis déjà plus de deux semaines mais jamais nous n’avons eu une si grande variété de formes de couleurs et de type de glace. Des cathédrales, des arches, des tables, des tranches napolitaines, des ventres de baleine, et bien d’autres encore, les phoques de Wedell ou léopards sont posés seuls sur les glaçons plus petits (4 à 5 m) ou en troupeaux, vautrés au soleil sur les faces plates de certains icebergs.
Nous tournons autour à l’aide du moteur électrique mais ces messieurs dames tournent juste un peu la tête pour nous regarder de leurs yeux tout ronds. De temps en temps un dédaigne se cabrer un peu pour se retourner et nous montrer son ventre blanc, brillant dans le soleil. Spectacle magique que l’autre partie de l’équipage admirera l’après midi. Le lendemain, tôt, nous sortons par la passe nord pour se glisser au milieu du cimetière d’icebergs, ce sont les mêmes mais le vent les a un peu déplacés et la lumière du matin nous les présente encore différemment et nous ne nous lassons jamais de cheminer entre ces monstres. Nous bouquons le chenal Lemaire que nous avions descendu par temps un peu gris.
Le soleil claque une lumière pour prise kodachrome sur les sommets à plus de 1000m, on a presque le torticolis en sortant du cap Renard, le lieu emblématique de cette alliance roche, glace, neige, ciel et eau. Nous enchainons avec le Ferguson Channel qui lui est très encombré par les glaces et il faut placer la Cardinale au demi-mètre près entre les glaçons, exercice d’attention mais auquel le barreur prend toujours beaucoup de plaisir , même dans le froid qui pique sous les flocons de neige. Nous entrons dans Paradise Bay, réputée un cimetière d’icebergs mais sans le soleil, la magie n’opère pas comme à Pleineau et les sommets ne sont plus visibles.
Nous optons finalement pour le mouillage de VIDELA devant la base chilienne, il y a pas mal de glace pour y pénétrer mais après c’est tout bon. Seul souci l’odeur, une des plus grandes colonies de manchots papous y a son domicile, 8000 individus cela fait des tonnes de fientes et l’air est empuanti en permanence. Laurent nous dit que même ses vêtements s’imprègnent de cette odeur acre. Le soir, notre copain Jean du Boulard nous a rejoint à couple, on venait juste de finir l'amarrage. Jean est une légende, celà fait 23 ans qu'il vient en antarctique et a du traverser le Drake 50 à 60 fois. il avait 7 clients avec lui, très sympa et nous entamons une grosse soirée chanson bien arrosée à leur bord avec concours de Mirabelle de Lorraine. Lolo a gagné le concours mais au matin il n’était pas frais :-)
Le lendemain nous bougeons au moteur tranquille dans l'après midi sans un brin de vent, encore magique dans un petit chenal accompagnée un moment par une baleine. En partant, Francis aremonté un énorme laminaire avec l'ancre légère (enfin à la taille du bateau)et il l’a fait sécher en lamelle au four..cela fait des espèces de chips salés et iodés. Bernard, Jeanne et Francis ont apprécié à l’apéro mais pas les autres. Nous tentons le mouillage de Cuverville magnifique mais très compliqué car encombré de glaces.
Le courant pousse les growlers et un gros (ca veut dire quelques dizaines de tonnes) se dirige vers la bout arrière bâbord, Laurent surmonte sa peur des phoques pour monter dessus car il y a un beau pépère qui se prélasse au milieu et arrive à finalement dégager l’aussière avec l’aide d’une drisse frappée dessus. Nous décidons d’enlever le bout et de faire des quarts de mouillage de glace. Certains seront moins chanceux que d’autres et passeront leur quart à écarter les glaçons qui nous arrivent dessus à la vitesse du courant. C’est aussi cela la magie du SUD !!! A suivre