Saison 6 - Episode 7 : Gare à la morosité
Nous sommes arrivés à Puerto Melinka, S43°53'954 et W73°45'013hier mercredi 8 avril à 15h30.
Etre devant une jolie petite ville vivante et colorée, un port en mouvement nous met encore plus devant notre condition de confinés, et consignés à bord. L’Armada nous rappelle « l’interdit d’aller à terre ». Faire du gasoil et acheter quelques vivres nous rendrait bien service pourtant.
Mais ce n’est jamais l’heure d’appeler... Notre patience mise à l’épreuve est soulagée un instant grâce à une connexion wifi de quelques minutes. Etre reconnecté aux siens et recevoir des messages par WhatsApp est un pur bonheur. La voix de Benoît nous a réjouit le cœur même si l’échange a été très court. Pourvu qu’on puisse continuer une autre fois.
Et nous prenons la mesure de notre chance d’avoir pu circuler dans les canaux. Les autres voiliers dans la région sont bien moins fortunés que nous. Ils sont bloqués à l’intérieur de leur bateau à terre, au chantier Reloncavi à Puerto Montt. D’autres amis sont coincés à une bouée, à Quinched, petite marina fermée, sans pouvoir aller à terre.
Ce confinement-là, le nôtre, a gardé de la souplesse : aller à la pêche, prendre l’annexe ou le kayak pour faire un tour tout seul ou pas. Attraper une image d’une cavalcade de dauphins dans la lumière, ou simplement prendre l’air et s’offrir le silence de la côte et parfois retrouver sa bulle.Puis se retrouver tous ensemble pour un asado aussi festif que gustatif. Ou tout cela à la fois.
Pendant que j’écris, Benny est au téléphone avec Madame Chun-Mee Chaline, consule de France au Chili. Elle comprend notre position et notre désir de rester à bord et va essayer d’appuyer notre demande de ravitaillement si nous ne recevons pas de réponse. Elle acquiesce à l’idée d’aller à l’île Juan Fernandez tout en nous prévenant que les habitants de cette ile chilienne éloignée d’environ 500Mn a de réels soucis d’approvisionnement. Il ne faudra pas les démunir.
Ok, nous espérons bien faire un bon avitaillement ici à Melinka. Devant la fermeture des aéroports et cette possibilité de naviguer et de découvrir une île au climat plus tempéré, ensoleillée en plus, Tim reste avec nous. Et j’avoue que cela me fait grand plaisir. Très grand plaisir. Voilà, pendant que j’écris ces quelques mots, avec en toile de fond musical, les morceaux de piano que Nicole Van de Kerchove se réservait, il flotte une ambiance paisible à bord. C’est doux et un peu nostalgique.
La Plume qui vous embrasse.