Saison 6 - Episode 6 : Confinés et occupés

D'abord, Garmin est connecté depuis 5mn ! Enfin !

A bord de la Cardinale, le moral est toujours bon, les activités ne manquent pas, les réparations fricotent avec les inventions techniques les plus élaborées. Si la pêche est possible, crabes, moules autorisées à la consommation ici, et bulots, c’est chaque fois une véritable expédition avec des manœuvres d’approche les plus rusées. Les plats cuisinés sont toujours aussi originaux que délicieux, la multiplication des pains se fait régulièrement aussi et Tim nous cuisine un très bon gâteau le dimanche et souvent pour les goûters.

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La Cardinale suit son périple sauvage et discret tout en réfléchissant aux meilleures options à prendre. Les autorités chiliennes ont fermé leurs ports et leurs marinas. Ils ne nous permettent pas de faire escale dans un port. Sauf peut-être à Puerto Montt. Mais nous craignons d’être retenus sur place, sans possibilité de descendre à terre ni de bouger. Là, le confinement prendrait un autre sens.

Nous avons besoin de gaz et de gasoil pour la traversée et de quelques fruits et légumes frais. Les nouvelles sur l’accueil aux Gambier sont peu engageantes. Un ami déjà rendu aux Marquises raconte que sur les voiliers, les équipages sont confinés à bord, sans autre permission que de rester sur place et laisser un seul équipier faire des courses élémentaires un jour sur trois.

Le temps passe et nous n’avons donc toujours pas de vue claire sur la possibilité de traverser.

Hier, une « escouade Ravignan » (Benny, Jeanne et Tim) est partie en annexe découvrir un lac qui semblait proche de notre mouillage. (Sur la carte). Peut-être que celui-là sera accessible sans machette, ni hache. En général, les conditions de traversée de ce genre de forêt primaire sont tellement hostiles qu’on en perd tout de suite et le ciel et le nord. Nous partons donc en reconnaissance. Un dauphin bondit devant nous en faisant un bond de plus d’un mètre de haut ! Splendide petit dauphin gris et blanc qui semble nous montrer la route. Raté pour la photo ! Dommage !

Au fond de la baie, apparait l’embouchure d’une rivière. Elle est noire et prend un virage à droite et on devine un fort courant. Tim au moteur de l’annexe, s’amuse à lutter contre un courant de plus en plus fort. Au bord de la rivière, des branches moussues et vermoulues, toutes courbées forment une voute sombre. Il y a du fond. Là-bas un autre coude et une grosse pierre plate qui fait barrage. Le débit est fort. On sort l’annexe de l’eau pour aller voir plus loin à pied. C’est jouable si on transporte l’annexe.

De fait, la rivière se prolonge et le courant descend. A l’aviron, cela ne passe pas. On remet le moteur et on passe en force jusqu’au lac. Premier lac découvert. Il est immense et peut-être poissonneux. Nous ne tentons pas. La pluie est là, lourde et glacée. Le retour avec le courant qui nous chasse sera aussi rapide qu’amusant. La Cardinale s’est déplacée un peu plus loin pour un mouillage moins exposé et nous retrouvons les amis et la bonne chaleur du bord.

Les mails que nous recevons de vous tous nous permettent d’être informés. De vous et de votre façon de résister du mieux qu’il est possible. De votre bonne humeur et de vos facéties familiales qui nous réjouissent tant. Nous avons aussi besoin de partager avec vous les nouvelles du monde, même si les chiffres sont inquiétants. Merci de continuer. Un grand merci à Patricia, la femme du Cook qui nous en donne de grands récits.

La Plume qui vous embrasse fort, chacun, avec Benny et Tim, Francis, Hervé et Yves.